A l'instar de nombreux pays africains victimes de la traite négrière, la Côte d'Ivoire lancera jeudi 6 juillet, dans le village de Kanga Gnianzé, dans le département de Tiassale, sa « route des esclaves ». Initié par l'UNESCO sous l'inspiration de Nelson Mandela en 1994, cette initiative vise à créer des lieux de mémoire pour les descendants d'esclaves et les pays qui ont connu la traite négrière. C'est donc pour adhérer à cette initiative que la Côte d'Ivoire lance après des recherches sa « route des esclaves », a justifié le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Kouakou Bandaman, face à la presse ce lundi 3 juillet pour annoncer le lancement de l'évènement placé sous la présidence du Vice-Président de la République, SEM Daniel Kablan Duncan.
« Il s'agit pour l'Afrique de ne pas oublier son passé de façon générale et de façon spécifique l'esclavage », a expliqué le ministre de la Culture et de la Francophonie, ajoutant que les pays africains veulent ainsi sous l'égide de l'UNESCO, marquer la mémoire pour que les générations futures s'en souviennent toujours.
Pour la Côte d'Ivoire, il s'agit de s'affirmer comme un pays ayant connu la traite en l'assumant à travers des monuments, musées et stèles qui seront ouverts à la visite au tourisme des mémoires.
Tout en ne réveillant pas, a-t-il précisé, les douleurs et en ne s'engageant pas dans des récriminations contre l'Europe, a indiqué Maurice Kouakou Bandaman.
Dans cette quête de « sauvegarde de l'Histoire », des recherches engagées depuis 2012 ont permis de montrer les vestiges d'un itinéraire qui part de Tiassalé, sur le fleuve Bandaman.
Navigable à partir de cette ville, le Bandaman est donc au coeur d'un important du trafic qu'a connu la zone qui avait pour épicentre Grand-Lahou, deuxième port négrier de la côte ouest africaine avec environ 50. 000 esclaves embarqués sur ses berges.
Avec le projet de « route des esclaves », ce sera pour les autorités ivoiriennes, l'occasion de s'engager dans une dynamique dans laquelle s'illustrent déjà des pays comme tels que le Ghana, le Sénégal et le Bénin, aujourd'hui grandes destinations du tourisme de la mémoire.
C'est pourquoi le lancement du projet sera marqué par la présence d'une dizaine d'Afro-américains qui ont prouvé par des tests ADN, leur origine ivoirienne. De même sera présent, l'ancien footballeur Lilian Thuram, défenseur de la cause des cultures noires, a souligné le conférencier.
Il a appelé les populations ivoiriennes à une prise de conscience d'un passé avec lequel il faut se réconcilier, mentionnant que d'autres localités comme le Sassandra ou Grand-Bassam sont aussi concernées par le projet de sauvegarde de l'histoire de la traite dont notre pays a été un acteur.